Personne n'aura pu y échapper, les drones agitent les foules et la presse ne parle plus que de survols illégaux, en utilisant allègrement un néologisme fourre tout pour désigner les pilotes : Les dronistes.
Sauf que ce terme est parfaitement inadapté et qu'il devrait être banni du vocabulaire, au moins pour ce qui concerne les professionnels.
D'où sort le terme de droniste ?
Nous ne savons pas avec précision qui a inventé ce néologisme, c'est à dire un terme inventé de toute pièce qui est totalement inadapté, ce qui nous pose un sérieux problème de communication. Le problème étant qu'il place les gens dans des cases dans lesquelles ils ne souhaitent pas entrer.
Le terme de drone est en lui même inadapté mais il a fini par s'imposer dans le langage commun alors que nous devrions parler d'aéronefs télépilotés en français ou d'UAV (Unmanned Aerial Vehicle) ou de RPAS (Remotly Piloted Aircraft System) en Anglais. Ne reproduisons pas cette erreur, soyons précis.
Le terme de droniste, si l'on devait analyser inventer sa signification, pourrait désigner une personne dont la finalité est de faire voler des drones, ce qui par extension concerne le monde des amateurs et du drone de loisirs, sans que ce soit dévalorisant.
En revanche, lorsque ce même terme est utilisé pour désigner les professionnels, parfois par les « professionnels » eux-mêmes (ceux qui n'ont pas compris en quoi consiste leur métier), cela pose un sérieux problème et devient une hérésie...
Qui sont les dronistes, ces amateurs de drones ? Avec un gros bémol à ce reportage
Pourquoi les professionnels ne sont pas des dronistes ?
Pour une raison toute simple, nous l'avons déjà évoqué, faire voler un drone n'est pas une finalité pour un opérateur professionnel, mais un moyen, un outil, ce que certains semblent ne pas avoir compris. Nous allons interroger notre confrère et ami Jean Luc FORNIER de la société AEROCAMPRO, qui est intarissable sur le sujet.
Aerofilms : Jean Luc, en quoi l'utilisation de ce terme de droniste te dérange-t-elle ?
Jean Luc FORNIER
C'est très simple, lorsqu'on prétend être un professionnel, le drone n'est qu'un outil qui permet d'obtenir un résultat, de qualité cela va de soit. Or, qu'il s'agisse de réaliser des images artistiques (filière audiovisuelle) ou techniques (relevés, cartographie...), la finalité est la qualité des livrables pour le client et rien d'autre, peu importe les outils utilisés, qu'il s'agisse d'un drone, d'un escabeau ou de je ne sais quoi.
Aerofilms : Et l'utilisation de ce terme te semble-t-elle négative ?
Jean Luc FORNIER
Absolument ! Ça m'agace de me faire qualifier de droniste. Notre métier n'est pas en soi de faire voler des drones, mais de les utiliser à bon escient pour réaliser les missions qui nous sont confiées. Et nous n'utilisons pas que des drones pour travailler, c'est toute la nuance.
Alors parlons de pilote de drones, de télépilote, de compagnie aérienne de drones, d'opérateur de drone (civil), de technicien... De tout ce que vous voulez, mais pas de droniste. Droniste possède à mes yeux une connotation péjorative qui nous fait passer pour des guignols lorsque ce terme est utilisé/banalisé par les médias pour désigner les imbéciles qui multiplient les survols illégaux, que ce soit sur les centrales, sur la capitale ou n'importe où d'ailleurs.
Il n'est pas possible de regrouper l'ensemble des utilisateurs des drones civils sous cette même terminologie réductrice.
L'utilisation de ce solécisme représente une forme d'amalgame, un autre terme bien à la mode !
Aerofilms : En quoi l'utilisation du mot droniste est-elle péjorative ?
Jean Luc FORNIER
Ça me fait penser (en tant que finalité) à une utilisation loisirs et dans ce contexte, le terme est convenable car il désigne intrinsèquement l'utilisation de l'appareil.
Mais lorsqu'il est utilisé par les professionnels pour s'auto-désigner, cela me renvoie l'image d'un gars qui ne sait pas toujours de quoi il parle, bienheureux de faire voler son nouveau cadeau, souvent un DJI Phantom (au autre machine RTF) fraîchement sorti de sa boîte accompagné de la liasse administrative prête à l'emploi, le tout pour proposer des prestations à des tarifs qui ne sont pas viables économiquement, compte tenu du contexte réglementaire et administratif.
Etre opérateur de drone professionnel demande énormément de travail, d'investissement, de rigueur et de compétences. Donc en tant que tel, je ne veux pas être associé à ce « Méli Mélo » des dronistes.
Merci Jean Luc, voilà un point de vue clairement exposé que nous partageons sans réserves, et nous aurons l'occasion de reparler très prochainement des comportements répréhensibles qui jettent le discrédit sur notre profession.
Sommes nous les seuls à partager ce point de vue ?
Et bien à vrai dire, nous n'en savons rien, mais vous allez nous le dire en commentaire ;-)
Vous l'avez néanmoins compris, à nos yeux, il n'est pas vraiment sérieux de qualifier les opérateurs professionnels sous la terminologie fourre tout de droniste, alors qu'à l'inverse, ce terme ne pose pas réellement de problème pour désigner une pratique loisirs dont la finalité est justement de faire voler ces appareils, pour le plaisir, dans un cadre défini loin des zones à risques.
Le souci majeur est ce mélange des genres suggéré à travers un terme générique qui ne peut en aucun cas s'appliquer à tous. Entre ceux qui enfreignent les règles au mépris de tous les autres, ceux qui souhaitent simplement s'adonner à leur loisirs en sécurité, les entreprises qui vivent de ces activités nouvelles dans les règles de l'art (ce qui a un coût certain) et les parasites qui proposent/acceptent des prestations illégales pour leurs clients...
Des pratiques qui n'ont rien à voir ni en terme de moyens ni en terme d'objectifs et qui ne peuvent pas être assimilées de la sorte sauf à porter préjudice à tout le monde lorsque les uns ou les autres déraillent.
Sur la route, nous parlons d'automobiliste pour désigner monsieur tout le monde, mais également de chauffeur poids lourd, de chauffeur de bus, de pilote de course, de livreur, de chauffeur de taxi, etc
Comment peut-on imaginer regrouper sous une même appellation réductrice l'ensemble des personnes physiques ou morales qui ont un lien de près ou de loin avec les drones civils ?
Remerciements
Nous remercions pour son intervention Jean Luc FORNIER, dirigeant de notre partenaire AEROCAMPRO avec qui nous collaborons régulièrement et partageons de nombreuses affinités.
AEROCAMPRO est une société spécialisée dans la prise de vue 3D à l'aide de drones
Les équipes possèdent une solide expérience dans les domaines de l’image et de la prise de vues embarquées pour réaliser des productions et des prestations de très haute qualité, partout dans le monde.
Photo : L'équipe AEROCAMPRO en tournage aux JO de Sochi