Le parc du Puy du Fou ®, en Vendée, s'est lancé dans la course à l'innovation avec des drones (Neopters ®) capables de faire voler de nuit des bougies gérantes pendant ses spectacles.
Nous avons interrogé la DGAC sur le sujet pour savoir dans quelles mesures il était possible d'organiser ce type de ballets aériens.
Le making-of des Neopters au Puy du Fou
Puy du Fou – Le making-of des Neopters
Il n'a échappé à aucun opérateur professionnel ou amateur éclairé que le parc du Puy du Fou ® vient d'innover un grand coup dans le monde des drones et de prendre une belle longueur d'avance sur ses concurrents au niveau mondial.
Bien entendu, il faut s'en réjouir car ils poussent de nouvelles portes et indiquent avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires, en travaillant en partenariat avec la DGAC sur ce projet.
Quelles autorisations de la DGAC ?
La réglementation est pourtant claire et interdit normalement les vols de nuit, le dépassement de certaines masses limites en scénarios S2 et S3, le vol automatique en scénario S3 (sauf à vue) ainsi que le survol du public. Vous vous doutez bien qu'un tel projet n'a pas pu être mené sans prendre de nombreuses précautions.
Pour savoir comment le parc a obtenu les autorisations, nous avons interrogé par email Arnaud GRUT sur le sujet, Responsable de navigabilité d'aéronefs à la DGAC, et nous avons obtenu une réponse rapidement.
Pouvons nous dans certaines conditions effectuer des vols de nuit (filmer un spectacle par exemple) ?
Réponse DGAC : Oui par le biais d'une autorisation spécifique (§ 1.1 de l'annexe II de l'arrêté du 11 avril 2012, législation depuis remplacée par les arrêtés du 17 décembre 2015), sur dossier de mission étudié au cas par cas.
Comment le parc du Puy du Fou gère-t-il la sécurité avec les tiers au sol ?
Réponse DGAC : Les aéronefs volent au dessus de zones vides et sécurisées. Les acteurs sont abrités dans leurs bâtiments et loges pendant les vols.
La distance de sécurité avec le public et les acteurs sur le front de scène est bien supérieure à 30 mètres (basée sur étude balistique avec essais de crash et hypothèses conservatives). En outre, le dispositif est doté d'un arrêt d'urgence indépendant du système de contrôle du drone, couplé à une surveillance assurée par plusieurs opérateurs placés à divers endroits clés du site.
Enfin, les Neopters sont dotés de capacités d'auto diagnostique et d'auto gestion (posé d'urgence contrôlé) efficaces pour faire face à la plupart des cas de pannes simples.
Qu'en est-il du vol automatique de leurs machines qui ne requièrent a priori pas d'intervention humaine autre que du monitoring ?
Réponse DGAC : Le vol est certes automatique (il s'agit donc de scénario S2, NDLR) mais pas autonome. Un monitoring est en place et le télépilote est en capacité d'agir individuellement sur chaque drone (ordre macroscopique de changement de trajectoire/mode) avec également une capacité d'arrêt d'urgence globale de tous les drones, partagée par le télépilote et tous les opérateurs de surveillance.
Cela reste un aéronef télépiloté mais c'est en effet bien loin d'un aéromodèle contrôlé en direct, on pourrait dire "télé-géré".
Concrètement, ça veut dire quoi ?
Pour résumer simplement, voici ce qu'il faut retenir de l'organisation mise en place pour rendre possible ces vols d'un genre nouveau, en plein spectacle et de nuit :
- Il s'agit de vols "automatiques" en scénario S2 car officiellement suffisamment loins du public pour ne pas tomber dans le champs du S3 (ça doit-être limite au niveau interprétation S2/S3, mais peut importe, c'est de toute manière totalement dérogatoire et finalement hors des scénarios habituels) ;
- Le télépilote dispose d'un monitoring permanent qui lui permet d'agir individuellement sur chaque machine ou collectivement (ordres macro) sur l'ensemble du parc ;
- Le télépilote et/ou plusieurs opérateurs de surveillance sont capables de mettre fin au vol de l'ensemble de la flotte avec un système indépendant de la commande principale (redondance) ;
- Le vol de nuit et le dépassement des masses limites s'effectuent sous dérogations ;
- La protection des comédiens et du public s'effectue grâce à des vols effectués au dessus de zones désertes, avec des distances de sécurité supérieures au minimum requis ;
- Les aéronefs sont équipés d'une intelligence embarquée capable de se repérer dans l'espace de manière autonome et de répondre aux incidents les plus courants (système de gestion des modes dégradés).
A la date d'écriture de cet article, 10 Neopters disposaient d’une autorisation de vol et 4 avaient évolué une première fois pendant le spectacle de la Cinéscénie. Mais à terme, ils formeront une flotte de 50 drones danseurs portant des décors suspendus qui effectueront une chorégraphie géante en plein air.
Remerciements
Remercions la DGAC d'avoir pris le temps de répondre à ces questions qui intéressent je pense beaucoup de passionnés (pour ne pas créer de clivages entre pros et amateurs).
Félicitons également le Parc du Puy du Fou qui innove et contribue à sa manière à l'évolution de la réglementation, à la médiatisation des UAV ou encore à leur acceptation par le public. Nous sommes très loin des usages militaires ou de certains paparazzi et c'est tant mieux.
Sources : Si vous n'avez pas compris précisément de quoi on parle ou si vous souhaitez approfondir le sujet, voici quelques sources que nous avons utilisé pour la rédaction de cet article :
- Bougies géantes au Puy du Fou sur Helicomicro ;
- Les drones entrent en scène au Puy du Fou sur Ouest France
- Le Puy du Fou® dans la bataille mondiale des drones sur leur site officiel.
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